Nucléaires est une exposition collective de photographie, qui représente et raconte les parentalités lesbiennes et queer dans plusieurs de leurs dimensions : corporelle, sociale, politique, intime. Fréquemment en rupture avec le modèle traditionnel de la famille nucléaire, l’existence de ces parentalités remet en question sa validité et son fonctionnement. Elles constituent à plusieurs égards un véritable trouble dans l’ordre patriarcal, font régulièrement l’objet de diverses formes de stigmatisation et évoluent dans des conditions matérielles parfois complexes. Face à ce constat, Nucléaires incarne et met en lumière les pratiques individuelles et collectives autour des parentalités lesbiennes et queer. Associant différentes formes photographiques comme le portrait, la photo documentaire ou le reportage intimiste, le projet se situe au carrefour de plusieurs pratiques artistiques, journalistiques et militantes. Il s’inscrit dans le prolongement du travail mené depuis plusieurs années par le collectif Matergouinité et se nourrit de la réflexion d’initiatives développées autour des parentalités queer.
Les photographes prévues pour l’exposition sont au nombre de cinq. Nucléaires expose ainsi Resemblance, une série de photos de Leah DeVun, enseignantz et photographe étasunienne, au cœur de laquelle se trouvent son partenaire transgenre non binaire, et son fils. Le caractère intime de sa photographie met en lumière le quotidien de cette famille queer sur le long terme, de même que la force du lien qui unit ses membres. Le travail photographique de Leah DeVun, primé à de nombreuses reprises, s’inscrit dans une réflexion sur l’histoire LGBTQI+, le genre et la manière dont il travaille le rapport au corps des individus.
L’exposition comprend également une série de la photographe Amélie Cabocel. Dans son travail sur les parentalités lesbiennes, intitulé Enceint·es, elle propose des portraits de personnes queer pendant leur grossesse afin de questionner l’association de ce processus à la féminité. En visibilisant des lesbiennes « masculines », des butchs, des trans et des personnes non-binaires,
la série déplace les représentations traditionnellement associées au fait de porter un enfant. Le travail de photojournalisme de Pauline Gauer autour des mobilisations en soutien à la maternité des Lilas ouvre une autre facette de l’exposition. Adresse refuge pour la communauté LGBTQI+, l’établissement s’est récemment vu menacé de fermeture. La série « Sauvons la maternité des Lilas » permet d’en saisir la dimension vitale pour de nombreux parents, et donne à voir la vivacité de ces mobilisations et ds communautés qui animent le lieu.
Afin de saisir l’historicité de la question des parentalités lesbiennes et queer, Nucléaires expose également des photos d’archives. Principalement issues du travail photographie de Donna Gottschalk dans sa série Lesbian Mothers et de celui effectué par Cathy Cade dans sa série Motherly Pride, ces photographies soulignent la manière dont la maternité appartient à
l’histoire lesbienne. Ces images sont accompagnées d’extraits de textes et d’articles de presse issus des archives lesbiennes à Paris (ARCL), qui témoignent de l’histoire longue de ces problématiques dans la vie militante française et européenne, et de l’évolution de ces questions dans la vie publique.
La continuité de cet enjeu dans le mouvement féministe et lesbien de même que la variété
des pratiques individuelles et collectives autour des enfants dans les communautés LGBTQI+,
qu’il s’agisse de simple compagnonnage, d’entraide ou d’éducation, témoignent largement de la
nécessité de les mettre en lumière aujourd’hui.